La France crie au désastre écologique, en Chine ça fait sourire.
Paris, capitale mondiale du tourisme n’est pas encore celle de la pollution.
Mexico ? Enterrée.
Désormais c’est à l’étalon chinois que l’on mesure la réelle nocivité de nos sociétés modernes.

« Les touristes évitent la région, mais les expats comme moi n’échappent pas à la pollution Chinoise. »
36 fois plus de particules fines qu’à la normale !
L’an dernier, Pékin a atteint le taux record de 900 µg au lieu des 25 par m3 conseillés par l’OMS.
On entend surtout parler de la pollution de Pékin par démagogie.
C’est plus facile à retenir et cela permet d’égratigner au passage le gouvernement chinois, comme le fit un certain journaliste du Monde.
En réalité, tout le nord ouest du pays est concerné, et plus gravement la plupart du temps.

600 millions de victimes d’un smog insistant en 2013
Pour exemples, le nombre de patients admis dans les hôpitaux de la capitale pour problèmes respiratoires a augmenté de 20% ; les cas d’emphysème et d’asthme de 50%.
En bonne santé, on ne sent d’effets directs qu’à de très forts taux.
Pour les personnes sensibles, les dommages sont plus immédiats.

Pour causes on peut citer le trio gagnant de la croissance chinoise :
- l’automobile polluante
- le charbon comme ressource principale
- la frénésie de l’urbanisme
A la belle saison, on peut voir les véhicules à l’arrêt depuis plusieurs jours couverts d’une couche de poudre grise, on croirait qu’ils n’ont pas bougé depuis des années.
A la maison, des dépôts de charbon encadrent les fenêtres.
Mais ces grosses particules ne sont pas les plus dangereuses, les plus discrètes sont d’avantage à craindre.
Les produits d’assistance à la respiration font fureur

Du filtre à air d’intérieur, en passant par les masques essentiellement cosmétiques, jusqu’au bon vieux masque à gaz des familles, seul vraiment efficace, chacun lutte à son échelle contre le problème.
Pour les enfants, nous sommes équipés du Air-O-Swiss P320 que nous déplaçons en fonction de nos activités. L’air des alpages nous suit partout dans l’appartement.
En 2013 les internautes ont investi 150 millions de dollars sur Tao Bao, l’Ebay chinois, pour mieux vivre malgré la pollution.
Mais que faire en Chine par 500 à l’AQI ?
Pour nous qui demeurons dans les zones viciées, les joies du plein air sont souvent proscrites durant l’hiver.
Comme beaucoup de familles chinoises, nous désertons les somptueux parcs de la ville dont la fréquentation chute de 20% lors des pics.

Nous cocoonons devant un dessin animé à la télé, près du purificateur d’air.
Par temps maussade, on préfère les molles occupations d’intérieur : musées, cinés, services respiratoires…
Moins d’affluence au parc olympique, mais le musée d’Histoire naturelle tourne à plein.
Ces jours là, même Li Na, la championne chinoise de tennis ne sort pas du gymnase. C’est vous dire !
Le tourisme chinois, une affaire qui marche ? Ça dépend
Avec un milliard de voyageurs en 2013, le tourisme mondial est un marché en pleine croissance.
+ 5 % indiquait dernièrement l’Organisation Mondiale du Tourisme.
+ 6% pour l’Afrique grâce à la reprise de l’Afrique du nord.
+ 5% pour l’Europe en crise, qui avec les pays de l’Est et du centre permet de bouger pas loin pour pas cher.
Un quart des voyageurs au niveau mondial sont passés par la région Asie-Pacifique en prenant soin d’éviter la Chine.
Les afflux étrangers en Chine chutent de presque 3%

Les principaux points de chute des voyageurs étrangers sont en plein dans les zones à risque.
On comprend qu’ils aient reporté leur voyage à une date ultérieure, ou vers d’autres horizons.
Le nombre de touristes entrés en Chine en 2013 tombe à 130 millions.
Parallèlement, 100 millions de touristes chinois gagnent des cieux plus cléments à l’étranger, soit une augmentation de 18% sur l’année précédente.
Cependant en Chine, plus encore qu’ailleurs, le touriste est d’abord un chinois.
Le tourisme domestique connait une poussée de 10%
Avec plus de 3 milliards de voyages intérieurs et environ 500 milliards de dollars de recette à ce poste cette année, La Chine réalise une croissance de 14%.
En février encore, pendant les fêtes du nouvel an, ce fut un boom sans précédent en dépit des risques de toxicité de l’air.
Les touristes chinois privilégièrent les régions du Hainan et du Yunan, pour leurs attraits environnementaux. La montagne, la mer et l’air pur. Même les antiquités se dégradant sous l’effet du smog ne ralentirent pas cette croissance énorme, même en ville.
Et le gouvernement dans tout ça, que fait-il ?
Si cet hiver fut moins douloureux que le précédent, j’attendais de voir l’État en action suite à ses communications rassurantes en septembre dernier. Nous sommes en mars et hélas…
L’action gouvernementale se conjugue toujours au futur

Faute d’intervention décisive, le spectacle se joue comme souvent ici à coup d’effets d’annonces et de démonstrations judiciaires :
- Dispenses d’éducation physique, pour les parents qui laisseraient sortir leurs gosses dans la pollution.
Moi je n’attends pas l’avis du gouvernement pour retirer les enfants de l’école.
- Un nouveau code signalétique à quatre couleurs moins inquiétant que celui utilisé par l’ambassade des Etats-Unis :
On est pollué comment aujourd’hui, bleu ou jaune ? Ça dépend, en chinois ou en ricain ?
- Une hotline pour se plaindre.
- Et surtout, des amendes pour les méchants industriels… La lutte pour le fric, par le fric, contre le fric. Soit des taxes sur les produits polluants, pour calmer les ardeurs des entreprises. C’est déjà ça, mais sûrement insuffisant pour faire revenir les touristes.
Des promesses en batterie pour un avenir doré

La situation n’a que trop duré, mais on ne pourra pas enlever au gouvernement chinois de dire très exactement ce que l’on veut entendre. Ces 7 derniers mois, saison tristement connue pour ses pics brumeux, ont vu le Parti dans une intense réflexion dont le seul fruit est l’élaboration de 90 idées pour améliorer la situation.
Rien qu’à Pékin, 130 milliards de dollars seraient engagés dans la lutte contre la pollution atmosphérique d’ici 2017.
- La consommation de charbon devrait être réduite de moitié
- l’entrée sur les réseaux routiers de nouveaux véhicules se verrait limitée à 150 000 par an pour la capitale
- 6 millions de véhicules polluants seraient mis hors service
- des carburants « plus écologiques » seraient prochainement disponibles
Le même plan s’appliquera à toute la Chine : optimiser la structure industrielle, augmenter l’efficacité énergétique, réduire les émissions des véhicules, contrôler les poussières transportées par le vent.
Et ajoutant à l’exotisme de science fiction actuel, des drones filtreurs quadrilleront bientôt le ciel chinois pour votre plus grand bonheur.
Le smog unifie le peuple chinois… Alors on danse
En attendant le passage à l’acte, on aura pourtant vu se manifester une vague d’optimisme largement soutenue par la presse.
En février, par 500 à l’AQI, se tenait au parc olympique un marathon en faveur d’un certain esprit écologique.

300 participants dont des femmes enceintes, coururent dénudés lors de cette modeste pollu-pride, pour manifester dans la bonne humeur leur mépris pour la pollution, et leur espoir de revoir le bleu du ciel.
Le message, à double fond, fait finalement passer cette idée que si rien ne va plus, ce n’est pas une raison pour faire la gueule, relayant en cela la teneur des médias dominants.
Le smog unifie les chinois, les rend plus conscients de leur santé et plus enclins à montrer de l’affection l’un pour l’autre nous dit le quotidien du peuple.

Ça commence aujourd’hui
La Chine ne pourra pas tenir indéfiniment sur son mode de développement à tout prix. C’est certainement là que réside l’espoir le plus solide quant à l’avenir.
La croissance à deux chiffres de la Chine détruit localement l’environnement
A hauteur de 5% du PIB : 400 milliards de dollars ! Cela n’a pas échappé au gouvernement.
Notre modèle de croissance est inefficace et insoutenable, dééclarait Li Keqiang, le premier ministre chinois il y a quelques jours.
Le pays entre doucement dans une économie moderne comme le firent par le passé nos sociétés occidentales. Au fond, la propagande positive du moment n’est pas si éloignée de la vérité. Ce n’est qu’un mauvais moment à passer.
[youtube]http://youtu.be/_gPPJdLL0OY[/youtube]
La Chine est des plus fréquentables quand revient le beau temps
J’espère encore pouvoir vous en convaincre.
Le problème de la pollution est réel, mais disparait avec le printemps. Pékin retrouve ses feuilles fin mars, la ville est alors très verte. Un bonheur à parcourir jusqu’à fin octobre. Les parcs sont magnifiques et pleins d’une activité qui force le smile. Les chinois s’y régalent à jouer, danser, chanter…
Je vous invite d’ailleurs à ne pas manquer le palais d’été.

Pendant l’été, en Chine vous n’aurez rien à craindre en comparaison des taux de pollution actuels en France.
J’ai même croisé quelques papillons en plein centre ville, chose que je n’ai jamais vue dans une quelconque ville française. Peut-être des papillons mutants de Fukushima qui ont fait la traversée…
Par ailleurs, la Chine ce n’est pas que la ville, la nature y est belle et abondante. La Chine, c’est aussi le Yunan, le Hainan, le Xinjiang, le grand Tibet. Pas la peine d’attendre d’hypothétiques jeux olympiques d’hiver en Chine en 2022, savourez-la maintenant !
Sirhom
C’est quand même incroyable toute cette pollution. Cela fait la une partout même ici en Australie.
J’ai vu hier qu’un chinois à vendu de l’air des montagnes françaises dans un bocal pour plus de 600$ le bocal…
Salut Emmanuel,
tu as sans doute entendu parler du business Chen Guangbiao. Le gars – un milliardaire – aurait dit-on fait pas mal d’argent en vendant des canettes d’air frais. Le rêve à portée du poumon, pour moins d’un euro !
Ca fait un peu peur quand même je ne sais pas trop si j’oserai partir là-bas en sachant les dangers..
Bonjour Anthony,
D’abord, super cet article , le ton , la fraicheur… je viens de découvrir aussi ton blog par la même occasion.
Concernant la pollution, je ne veux pas faire le vieux « con », mais cela a toujours été cela. J’ai eu cette immense chance de venir avant les JO de Pékin, et là c’était « Rush », des nuages jaunes où on ne voyait pas à 5mètres c’était fréquent.
C’est vrai que pour les JO, les autorités chinoises ont fait un travail titanesque, puis petit à petit retour à la normal.
Maintenant les chinois gueulent un peu plus mais cela reste la même chose.
Je souffre de la pollution de Shanghai, particules moins grosses mais je ne connais pas la composition chimique cela me bouche le nez et provoque des maux de tête.
Quand je vais à Pékin, c’est plus « gris », mais mon nez se débouche bizarrement.
Voilà pour la petite info.
tu es sur Pékin pour encore combien de temps ?
Olivier
Salut Olivier,
je sais pas si ça a toujours été comme ça, mais c’est clair que ça bouge pas vite.
Content de savoir que c’est nous qu’on a le plus beau smog:)
C’est un peu notre fierté locale !
Mais gare aux particules fines, c’est les plus méchantes, on peut pas les filtrer…
Sinon dis-moi, ça fait pas plusieurs fois que tu découvres mon blog toi ?
Salut!
Je reviens de justement un peu plus de trois mois passé en Chine. J’étais à Chongqing, une province du Sichuan, et nous étions particulièrement touché aussi par la pollution. En trois mois passés là bas, j’ai du voir le soleil environ trois fois tellement le smog était épais. J’ai par contré été agréablement surprise à mon arrivée à Pékin. J’ai eu la chance d’enfin voir un ciel bleu!
En ce qui concernent les masques par contre, alors peut être ai-je été mal renseignée, mais en demandant aux chinois à quoi servaient ces masques, si c’était effectivement pour la pollution, tous me répondaient que c’était parce qu’ils étaient certainement malade et qu’il est mal vu de « partager » ses microbes et portaient ainsi ce masque. La plupart du temps, ils n’étaient pas personnalisés, simplement blanc. Je me demande donc si ce n’est donc pas principalement à Pékin et dans les villes où les pics de pollution sont les plus forts que nous retrouvons ce genre de masque utilisés pour lutter contre la pollution.
Salut Maë,
j’ai déjà eu vent de cette version du masque chinois et j’avoue ne pas trop y croire. Parce qu’ici à Pékin je n’ai jamais vu ça. Les japonais le font, j’ai eu l’occasion de le constater. Mais dans le pékinois, on se crache volontiers dessus, et toute l’année. On partage à donf !
Après, comme tu le notes, y’a une différence entre le masque jetable qu’on trouve en pharmacie, et le gros à gaz de l’armée russe, ça présente forcement pas pareil…
Salut Sirhom,
C’est vrai qu’on se crache beaucoup dessus, mais c’est un peu tout le paradoxe de la culture chinoise qui m’a laissée… dubitative. Il y a eu donc cette histoire de masque où l’on ne partage pas ses microbes mais on crache partout ou encore le « respect des aînés ». J’ai eu la sensation que les chinois ont u profond respect pour leurs aînés, je dis bien LEURS, ceux de leur famille. Car dans le métro de Chongqing, les personnes agées peuvent aller se brosser pour avoir une place assise… J’ai donc ressenti la Chine comme remplie de paradoxes, ce qui a d’ailleurs fait l’objet d’un article sur mon blog.
As-tu ressenti la même chose?
Re Maë,
oui évidemment, il y a des contradictions ici et là, de notre point de vue d’occidental. L’intéressant je trouve, c’est d’arriver à pointer les nôtres en retour:)
C’es vrai que dans le métro les vieux peuvent crever debout la gueule ouverte, les places c’est pour les enfants ou les femmes enceintes. Il y a bien un conflit entre deux époques, deux morales générationnelles. Puis dans les transports, les règles deviennent assez barbares, alors que le reste du temps, les chinois sont plutôt souples et patients. J’ai écrit un truc là dessus moi aussi:)
C’est ce paradoxe qui m’avait particulièrement marqué. Je vais aller jeter un coup d’oeil à ton article du coup! :)
et un an apres, ct est la situation?