« Là-bas je ne risque pas d’être dépaysée, j’ai l’impression d’être à Paris ou à Barcelone ».
Dessinée par les Espagnols, pleine d’édifices italiens, de statues françaises, de boites aux lettres anglaises et même dotée d’un jardin hollandais ! C’est Buenos Aires, qui s’est élevée à travers les siècles et a laissé la culture occidentale s’imposer. Cette culture a influencé l’architecture des musées, théâtres, bibliothèques et galeries d’arts. C’est la ville la plus européenne d’Amérique latine.
Comment les influences européennes se sont imposées ?
85% des habitants sont d’origine européenne en Argentine : comment est-ce arrivé ?
Autour du 19e siècle, 60 millions de personnes quittent l’Europe pour s’installer là-bas.
Aujourd’hui l’Argentine c’est :
– 27 millions d’Italiens
– 20 millions d’Espagnols
– près de 2 millions d’Allemands, d’ Anglais et de Français
Les influences italiennes et espagnoles ont contribué à la formation de la culture argentine : religion, langue, nourriture, musique, danse et… fierté (bon là j’exagère un peu).
Influences italiennes
Les architectes italiens ont fait beaucoup pour la touche européenne de Buenos Aires ; notamment avec les églises argentines de Buschiazzo, Luzzatti ou encore Arnaldi. Le Palais des congrès de Vittorio Meano est le plus connu. 50 ans de construction lui ont valu le nom ironique de « palais d’or » !

Le Palais des congrès – un des jolis gouffres financiers du pays mais d’une majestuosité époustouflante
La musique italienne n’est pas en reste. Beaucoup d’œuvres de grands compositeurs comme Rossini, Verdi ou bien Bellini furent également créées entre l’Europe et Buenos Aires.
Influences espagnoles
L’architecture urbaine espagnole est flagrante. Des rues en forme de damier et beaucoup d’édifices fortement influencés par la colonisation.
Pour avoir vécu plus d’un an à Barcelone, quelque chose me semble familier ici. D’ailleurs j’y retrouve également des cartoneros.
Musicalement c’est après la révolution de mai 1810 que la guitare et les danseurs de Boléro se font connaître. Depuis, la musique typique espagnole ne cesse de s’intensifier avec les décennies.
Influences françaises
Début 1900, la puissance industrielle de Buenos Aires se fait ressentir. La belle époque des années 20 voit l’Argentine devenir la 8ème puissance économique mondiale. De nombreuses statues et monuments, comme par exemple “Le Palacio de Correos” de Norbert Maillart, sont créées par des artistes français. Les riches font même parvenir des matériaux venus de France pour fabriquer leurs propres édifices “à la française”.
Aujourd’hui Buenos Aires détient l’avenue la plus large du monde à faire pâlir Haussemann dans sa tombe.
Au niveau musical, Carlos Gardel, connu comme le père du tango argentin est d’origine française. Que demander de mieux. :)
Influences anglaises
Pour tous les Anglais qui cherchent désespérément à se sentir chez eux, près de la place San Martin dans le quartier de Retiro vous trouverez une réplique du Big Ben donnée par Londres à Buenos Aires.
Mais les défaites cuisantes des tentatives d’invasion anglaises dans les colonies espagnoles du Rio Plata n’ont pas permis à la culture anglo-saxonne de s’ancrer significativement dans la capitale.
Malgré la libération du joug colonial en 1816, la culture européenne pérennise à Buenos Aires. L’Argentine reste le premier pays d’accueil des Européens en Amérique latine.
A l’instar de New York, elle cumule les fonctions de ville portuaire et de centre d’impulsion économique et financier. Pas étonnant de retrouver une partie de l’Europe à 15 000 km du vieux continent.
500 ans de persistance à vouloir devenir une Grande
16e siècle : 1536…
Ce sont les années du chercheur d’or Espagnol Pedro de Mendoza sur le sol de la future Buenos Aires. Il fonde sa colonie dans l’actuel quartier de San Telmo. Elle ne tient pas plus de 5 ans avant d’être saccagée par les Indiens. 50 ans plus tard, Juan de Garay y recompose une colonie.
Mais la côte Pacifique est bien plus convoitée par les Européens. Elle laisse peu de place au développement de Buenos Aires qui reste très marginalisée.
17e siècle…
À défaut d’un bon transit des marchandises, Buenos Aires vit de la contrebande venue du Brésil. Le commerce libre du cuir va en s’enrichissant. A la différence de Lima capitale de l’empire colonial espagnol, les habitants de Buenos Aires ne payent pas de taxes. Les gens sont alors rapidement incités à venir s’y installer.
Fin 18e siècle…
Après avoir résisté et fait ses preuves, Buenos Aires obtient le même statut que Lima. La levée des restrictions permet sa connexion avec d’autres ports et la ville introduit de nombreux produits. De plus en plus d’Espagnols, de Français et d’Italiens viennent alors s’y installer.
Début 19e siècle…
Depuis ses premiers pas, cette colonie espagnole est victime d’un grand nombre d’invasions : britanniques, portugaises, danoises et françaises, mais aucune de ces puissances n’est parvenue à soumettre la ville.
La révolution de mai 1810 amène les Criollos, Espagnols nés en Argentine, à chasser le vice-roi espagnol et Buenos Aires acquiert son indépendance en 1816. Plus tard encore, elle subit deux blocus maritimes de l’empire français et britannique et elle tient !
Rien ne peut arrêter l’essor industriel qui en suivra et qui mènera la ville à sa grandeur. Et ce malgré les crises successives dont celle de 2001 ! Mais c’est une autre histoire.
Et vous, connaissez-vous d’autres villes du monde aussi Européanisées ?
Haydée Bouscasse
Article très intéressant qui prouve l’amour que l’auteur(e) porte à Buenos Aires. On y voyage beaucoup mais surtout dans le temps. Finies donc les randonnées à pieds et à bicyclettes ? Que nenni, il suffit pour cela de voyager sur les autres articles du site pour s’alimenter de spectacles ou de nourriture !
Comme j’aimerai vivre à Buenos Aires et profiter de la vie cosmopolite de cette capitale. En Colombie, je suis un peu désespéré. Je ne peux voyager que quelques jours faute d’argent. Ta description est merveilleuse et je te remercie pour ce blog splendide qui me donne tant de plaisir à lire. Haydée, c’est bien ton prénom, merci beaucoup.
Oh oui cher Jconsult ! Il faut savoir laisser les randos-vélos de côté pour se cultiver un peu. C’est d’ailleurs l’une des motivations principales de nos voyages.
Les fesses posées dans un transat, face à la mer, un cocktail à la main n’est pas trop fait pour Travelplugin. De l’action ou de la réflexion saupoudrées d’un petit peu de contemplation, voilà une démarche seyante.
Merci
Coucou ! Super article, j’ai adoré découvrir tout ça que j’ignorais totalement !
Quelle surprise d’apprendre que Buenos Aires est si européenne ! En tout cas, ce doit être magnifique ! J’ignorais aussi qu’elle fut la 8e puissance économique mondiale il y a 100 ans.
Merci pour ces repères datés et ces photos sympathiques !
Marjorie
@ Marjorie, avant de partir, je m’étais assez peu renseignée sur le pays pour découvrir directement sur place et ma surprise fut grande.
Je soupçonnais l’européanisation de part les colonies, mais pas à ce point !
@ Ernesto
Si cela peut te rassurer ton pays est très beau également et vaut le détour !
Merci pour ce retour qui me touche.
Bonsoir,
J’ignorais que Bueno Aires était aussi européanisée… J’avoue que ça me déçoit un peu car je rêve de l’Argentine depuis longtemps mais parce que j’imagine ce pays radicalement différent, dépaysant… avec d’autres moeurs, d’autres coutumes…
@ Nath,
Le pays est radicalement dépaysant ! Simplement on retrouve dans Buenos les marques de la colonisation, quoi de plus normal au final lorsque autant d’Européens y ont migré pendant plusieurs siècles.
Je te recommande d’y faire un tour, ne sois pas déçu, c’est un beau pays, les gens sont très sympathiques, ont de l’humour et du charme. :)
Salut Haydée,
L’argentine a aussi influencé les autres pays…
Par exemple, en Flamenco il y a ce qu’on appel des « Ida y vuelta » (aller et retour), ce sont des « palos » (styles) de Flamenco partis aux Amériques (Cuba, Argentine,…) qui ont été influencés par les musiques locales.
Ainsi, en Flamenco on retrouvera la Milonga ou encore le Tangos… Mais qui n’ont plus grand chose à voire avec leur homonymes argentins :)
@ Christophe,
Intéressant.
C’est vrai que maintenant on pourrait tourner l’analyse dans le sens inverse. Quel pays a été influencé par l’Argentine et en quoi ?
C’est au Vietnam que tu peux voir une grosse touche française, avec des maisons de l’époque coloniale. Cependant, en Thaïlande, c’est tout l’inverse. Ce serait plutôt les chaines de fast food lol.
Ce qui n’empêche pas de faire de superbes photos.
@ Kevin,
Au Vietnam ? Tiens dont. Nous ne sommes pas au bout de nos surprises.
Je vais voir ça dans peu de temps, le mois prochain.
Akaroa, à côte de Christchurch. C’est par là que les français ont bien failli coloniser la Nouvelle Zélande, si les anglais ne les avait pas coiffé au poteau 2 ans plus tôt! Bon je simplifie…mais en gros les noms de rue y sont français, il y a même quelques drapeaux bleu-blanc-rouge qui flottent au vent, devant « La belle villa » ou « L’escargot rouge »!
Bon voyage au Vietnam! Mon frère y arrive le 31 janvier tiens!
@ Sandscovery !
Et bien j’en apprend. J’y cours alors s’il y a des drapeaux français :p
J’déconne bien sûr
Ton frère fait uniquement le Vietnam où il se ballade dans plusieurs pays ?
Ah Buenos Aires et ses aires d’europe. Qu’as tu pensé de la saleté de cette ville ? Lorsque j’y étais, il y avait des poubelles éventrées en permanence dans les rues et beaucoup de gens qui mangeaient leur contenu. On dira que c’est la pauvreté, mais ca fait bizzare parce qu’on ne s’y attend pas à cet endroit..
@ Blog Santé Tu fais bien de me parler de ça. J’ai un article prêt à ce sujet qui te donnera toutes les explications de ces poubelles éventrées ! Je te tiens au courant.
Très sympa l’article je ne voyais pas du tout buenos aires aussi européanisé, à la vue des commentaires je n’étais pas la seule ^^
C’est ce que j’adore à Buenos Aires, de retrouver un peu d’Europe, le tout bien mélangé au grès de l’histoire…
@ Guillaume,
J’ai apprécié ce côté aussi même si je me suis vraiment dit cette phrase en arrivant : « Je ne risque pas d’être dépaysée ! »
Très bonnes infos sur les origines des argentins et les influences des différents pays européens sur l’Argentine. Je ne savais pas que les italiens représentaient autant. Merci pour le partage.
Oops je n’avais pas vu ta réponse! Mon frère se balade effectivement. Il compte rester au moins 1 mois au Vietnam, puis Corée du Sud puis Japon…avant de me rejoindre 3 semaines en Nouvelle-Zélande :D
Tu pars bientôt, ou tu es déjà partie?
@ Sandiscovery On part demain, c’est le rush du coup. à bientôt, en Nouvelle Zélande ? ;)
Bon préparatifs, et surtout bon vent!! Au plaisir de croiser ta route à l’occasion, oui! :)
@ Sandiscovery
Avec plaisir pour se rencontrer un jour. A bientôt
Sacré nom de Dieu, quand tu fais un article, tu le fais pas à moitié ! Je dois bien dire que, d’ailleurs, quoique celui que tu nous as offert pour VDN, sur le Pérou, fût un article long, c’est surtout un article de qualité, travaillé… Je pense que si ton blogue a du succès, c’est parce que la qualité est récompensée et qu’elle seule permet de fidéliser le lectorat.
Je regrette seulement que tu n’aies pas fait d’album photo sur Buenos Aires, dont je confesse qu’il s’agit d’une des villes qui m’attire personnellement le plus en Amérique latine, avec Valpo et Mexico DF (où j’ai d’ailleurs passé 3 semaines tout récemment, et où on retournera Kalagan et moi pour des ateliers)…
Saludos,
M.
Merci Mike !
Les gens cherchent la qualité c’est donc normal de leur rendre.
Tu as raison, j’ai des centaines de photos de Buenos Aires, elles seront donc réparties dans tous les articles qui traiteront de cette ville comme celui-ci par exemple. Il m’en reste en réserve d’ailleurs :)
C’est une ville que j’adore également. A bientôt
C’est fou toutes ces ressemblances, surtout la photo de l’immeuble, on dirait vraiment que l’on se trouve en France! Buenos Aires doit vraiment être une ville très cosmopolite, ce genre d’endroit m’intéresse vraiment lors de mes voyages.
@ Istanbul En effet on m’a dit que ça ressemblait à Neuilly !
Merci pour cet excellent article. Il me semble que certains endroits en Afrique du Sud, Australie et Nouvelle-Zélande sont tout aussi européanisés. Cape Town ou Christchurch sont de bons exemples. Sinon Sapporo au Japon, qui n’a pas été colonisée mais dont de nombreux monuments architecturaux sont inspirés par l’Europe.